VR5


Voilà une série qui est passée totalement inaperçue, qui a été si rapidement supprimée des programmes que l'on ne sait même pas comment elle aurait pu se terminer.

En effet, le network décida de supprimer la série avant la fin de la première saison, ce qui entraîna une conclusion hâtive et peu satisfaisante.

Et pourtant. Que de choses peut-on dire à son sujet... La preuve: je m'y colle...

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Tout d'abord entendons-nous bien. Par le format inhabituel (l'arc narratif ne s'achève pas) de la série, je ne peux que me limiter à une série de constats. Ceux-ci entrainerons parfois des suppositions qui devront rester dans le flou: il est impossible de savoir finalement ce qui arrive à l'héroïne de la série. De même qu'il est impossible de savoir si, connaissant la condamnation de la série, les scénaristes ne se sont pas parfois fait plaisir en osant certaines scènes.

Sydney Bloom est une jeune fille névrosée. Depuis la mort de son père et de sa soeur jumelle dans un accident de voiture, elle vit en retrait du monde. Seul Duncan, un ami d'enfance, partage son quotidien et ses passions. Un jour, suite à une erreur de manipulation, elle réalise qu'elle est capable -via son modem- de pénétrer dans une sorte de réalité virtuelle et d'entrer dans la psyché de son correspondant téléphonique.

Voilà, résumé en quelques grandes enjambées, ce qui constitue le point de départ de la série. Dans les premiers épisodes, l'ensemble est fort mécanique et tourne régulièrement à "l'énigme de la semaine". Cependant, progressivement, les scénaristes vont exploiter les possibilités du cadre de la série pour commencer à produire des épisodes de plus en plus novateurs. Les éléments symboliques vont ainsi progressivement cesser d'être de simples codes insérés dans le décors pour devenir de fantastiques agents d'enrichissement des derniers épisodes de la série!

L'histoire fonctionne sur un cahier des charges assez simple mais foncièrement ambitieux : une fois plongée en V.R. (Virtual Reality), Sydney se trouve dans un décor modelé par son hôte. Tout y devient soit symbole soit indice. Rien n'y est totalement innocent. Pour s'en convaincre il suffit de constater l'évolution des tenues vestimentaires de Sydney, oscillant entre un classicisme bon teint et des tenues révélant au contraire ses pulsions sexuelles (et peut-être homosexuelles dans l'épisode Sister).

Deux exemples, pris au hasard, en admettant que vous me croyez quand j'écris cela... L'un dans l'épisode L'Amour ou la Mort Sidney est chargée de s'introduire dans l'esprit d'un employé d'une étrange firme, un membre du Comité qui la dirige. Elle doit trouver ce qui l'empêche de mener à bien un important travail qui lui a été confié. S'engage très rapidement entre les deux personnages un étrange ballet de séduction et de domination qui, procédant par touches discrètes, entraîne le spectateur loin de la seule question qui importe : qui est cet homme? Sydney ne le saura que trop tard : un tueur à gage dont la conscience devenait une gène.

L'autre, plus drôle et plus léger Vies Parallèles présente Duncan expérimant une exploration de son propre inconscient. Il se voit ainsi plongé dans les différents cadres qui structures ses fantasmes... allant de Chapeau melon & Bottes de cuir au remake post-moderne des aventures de Marlowe. L'épisode devient particulièrement complexe quand le spectateur réalise que la plupart des dialogues sont issus des précédents épisodes, mais prononcés par d'autres personnages!

La série ne s'achevant jamais, il est impossible de savoir le fin mot de l'histoire, de comprendre la nature du réel que l'on voulait nous faire expérimenter... Reste une expérience, morte trop tôt d'avoir été trop en avance.

Un mot pour finir. Enfin presque, parce que je sais que je reviendrai sur cette série, qu'il me faudra bien un jour en visionner de nouveau l'intégralité des défauts. Un dernier mot, donc. Ce qu'elle a de plus original, et peut-être aussi de plus émouvant, c'est que l'ensemble des troubles que va devoir affronter Sidney sont tous centrés autour d'un même et mystérieux traumatisme initial, familial. Sa quête est celle de la reconstruction de sa famille, de sa réunion (titre du dernier épisode tourné).

Comme si l'ensemble de la réalité se délitait quand la famille disparait...